samedi 1 mars 2008

CRYPTOLOGIE

Enigme vs Rejewski et Turing / Ecrit par Alexandre J. Gomez Urbina / (Inspiré des codes Secret de Simon Singh)
En 1918, Arthur Scherbius a créé la machine Enigme, qui permet d'obtenir un cryptage, qu'il était, à l'époque impossible de briser. On ne pouvait pas briser les messages qui étaient cryptés d'un bout à l'autre. Ils pouvaient être interceptés, dans l'espoir d'être revendu sur le marché allemand. La machine de Scherbius était destinée aux entreprises comme aux militaires. L'idée initiale du créateur était de créer 3 tambours qui tournent constamment, utilisant chacun un alphabet de 26 lettres. Les tambours tourneraient de manière aléatoire. Dans la cryptologie traditionnelle, nous faisons un calcul des probabilités de répétition des lettres. Nous savons alors que les voyelles se répèteront davantage que les consonnes. En partant de ce principe, en procédant par déduction, il est tout à fait possible de casser le code et de déchiffrer un message codé. Ce système est inopérant avec Enigme, car si un jour la voyelle A est représentée par la consonne B, elle pourra tout à fait être remplacée le lendemain par un D. A chaque jour correspondait un code différent. Chaque tambour ayant 26 lettres, il y avait donc 26 x 26 x 26 possibilités, soit, 17576 combinaisons possibles. Un véritable casse tête. Pour les destinataires des messages, Scherbius avait implémenté un réflecteur, capable de montrer le code en clair. Pour cela, il fallait connaître les codes ayant été configurés dans la machine Enigme de l'expéditeur. La configuration de la machine Enigme consistait en la manipulation de 6 fils. Les probabilités nous indiquent qu'il y avait donc 12 lettres possibles et 14 lettres exclues. Les 3 tambours effectuaient 6 positions. Si nous prenons l'exemple de A, B, C, les combinaisons possibles sont les suivantes : ABC, ACB, BAC, BCA, CAB, CBA. Cela nous donne donc un total de 6, pour 2 lettres retenues sur 26. Cela fait un total de 100 391 791 500 combinaisons, en ajoutant à ce chiffre, le nombre total de fils (6) et le nombre de rotations 17 576. Nous arrivons au résultat suivant : 10 000 000 000 000 000 !Résultat astronomique, surtout en précisant qu'à l'époque, il n'existait pas encore de super calculateur, ou d'Internet.Adolf Hitler s'équipe de cette machine pour coder les messages de son armée. Il devient donc impossible pour les gouvernements français et britannique de déchiffrer les messages allemands interceptés. Ces pays connaissaient les folles théories d'Hitler, et leurs cryptologues sont impuissants face à cette machine infernale qu'est Enigme. L'espionnage français arrive à se mettre en contact avec quelqu'un qui connaissait la machine Enigme, un Allemand, M. Schmidt qui donne au gouvernement français les plans pour construire la machine Enigme. Cela donne de l'espoir aux cryptologues, mais malheureusement, pas pour longtemps. Un autre problème se pose. Personne ne pourra décrypter les messages envoyés, car il manquait les codes du jour. Les cryptologues anglais et français allaient d'échec en échec, allant jusqu'à perdre l'espoir de pouvoir décrypter les codes Enigmatiques. Alors le gouvernement français décide de donner des copies de la construction de la machine Enigme aux polonais. Ils savaient que si l'Allemagne se préparaient à conquérir le monde, elle reprendrait tout d'abord la Pologne.La Pologne n'hésite pas à recruter les mathématiciens les plus doués dans tout le pays pour s'attaquer à Enigme. Une guerre homme contre machine. Un homme s'est rapidement fait remarquer pour son savoir-faire et pour sa logique exceptionnelle : Marian Rejewski, 23 ans. Il commence à émettre des hypothèses basées sur les positions initiales des tambours, les relations entre les chaînes de caractères. Rejewski, grâce à ses tables de relations, commence à cracker les messages du jour des allemands. Rejewski avait battu la machine Enigme.Pendant que la France se contente de recevoir les codes d'Enigme par l'espion Allemand, Rejewski et la Pologne inventent des machines appelées Bombes, capables de décoder les messages du jour, de façon automatisée.Les français avaient donc une belle collection des messages du jour de plusieurs mois alors que les Polonais comptaient avec Rejewski pour savoir où et à partir d'où les allemands allaient frapper. Il fallait procéder de manière intelligente, de telle sorte que les allemands ne se doutent pas qu'ils avaient été décryptés. Les Allemands changent de tactique en ajoutant deux tambours supplémentaires à la machine Enigme. Rejewski, impuissant face à ce nouveau problème, et le temps imparti insuffisant, Hitler allait envahir la Pologne. Rejewski donne ses Bombes aux Anglais et aux Français. On imagine alors la stupeur de leurs cryptologues, Enigme avait été craquée !En dépit des deux tambours supplémentaires, le moral remonte d'un coup. Rejewski se réfugie en France. La Pologne fut envahie en septembre. Désormais le décor est planté, mais Enigme renforcée avec deux tambours devient un problème, qui sera géré par Turing. Turing, un jeune homme qui cachait son homosexualité. Cette dernière, mal tolérée à l'époque, est probablement l'élément qui a décidé certains à vouloir sa mort. A Bretchley, il y eu un appel général aux meilleurs mathématiciens, joueurs d'échec, physiciens et des Scientifiques pour s'attaque aux deux tambour supplémentaires d'Enigme.Connus comme GC & CS, ils vont mettre en place la logique de Rejewski pour essayer de briser le code Enigme. Les invasions en 1940, de la part des Allemands ne se feront plus attendre.Turing cherche désespérément les vulnérabilités d'Enigme. Il a été plus proche du décryptage de cette machine que n'importe qui dans l'équipe d'intellectuels. Turing, du haut de ses 26 ans, arrive à voir une faiblesse de la machine Enigme. La signature des allemands était dans la même position, mais les lettres changeaient constamment. Turing utilise la même philosophie que Rejewski. Un peu de cryptanalyses, de déduction, la combinaison des positionnements des tambours, des milliards de possibilités s'offrent, mais le temps pressait.Turing arriva à casser Enigme. Pour faciliter la tâche de gestion des codes du jour et des décryptages de messages, les machines Bombes de Rejewski sont utilisées. Elles sont baptisées Victoire. Elles arrivent en Angleterre en mai 1940. Les Bombes perfectionnées de Rejewski appelées par Turing, Agnus Dei, les machines Bombes, entre 1941 et 1942 s'incrémentèrent. Voilà la première partie, en ce qui concerne la guerre et ce qui a été accompli pour le décryptage des codes. La seconde partie, non négligeable, est la force de frappe allemande qui s'impose. Comment la contourner et comment faire pour que les allemands ne se doutent de rien, pour qu'ils ne sachent pas que les codes ont été craqués depuis longtemps, mais cela, c'est une autre histoire.

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